BAR - Ouvert

Kameron me fixait depuis plus de vingt minutes, me fixant de ses deux beaux yeux verts. Bon sang, qu'est ce qu'il avait à me fixer de la sorte. Parfois, je ne le comprenais pas. Il croisa les bras sur son torse et lâcha un soupir, puis, il ouvrit la bouche :

─ Ramène-toi, on sort, lacha-t-il comme une bombe et avec son tact habituel.

─ Je peux savoir où tu m'emmènes, comme ça ?

─ Au bar. Allez, bouge tes fesses.

Au bar ? Il rigolait, j'espère ! Il me lança un regard qui voulait tout dire. J'étais obligée d'y aller et cela allait lui gâché la soirée, parce que j'avais le la lui pourrir. J'en étais certaine. Il allait me le payer. Même très cher. Après être sorti de la maison, il me força à monter dans la voiture. Il conduit jusqu'à un vieux bâtiment qui avait l'air pas très glamour. Rien que ça, cela me donnait la gerbe. Le nom de l'enseigne figurait au dessus d'un balcon où se dressaient des fleurs multiples couleurs.

─ Allez, descend de là mon chat, Unélia nous attend juste devant, dit-il sans me jeter un seul regard.

En effet, la jeune femme patientait tranquillement devant la porte d'entrée. Elle était en train de tapoter un truc sur son téléphone.

─ Tu n'en as pas marre de ce machin, lui lança Kam' laconiquement.

─ Un bonjour aurait suffit mec, lui répondit-elle en me saluant.

Elle s'approcha de moi, et me fit la bise toute souriante. Alors que moi, je me demandais encore ce que je faisais là; devant cet infâme endroit. Bon sang, comment avais-je réussis à me faire embarquer dans cette histoire stupide.

─ Aller, on rentre là-dedans, nous précisa gaiement 'Lia.

Kameron me prit la main et me traîna à l'intérieur sans mon consentement. Poussée dans l'immeuble, c'était devenu un vrai clavaire. L'odeur nauséabonde de l'alcool agressa mes narines sensibles. La musique pourrie me piqua les oreilles. Je dus me boucher les esgourdes pour éviter d'avoir les tympans explosés. Des centaines de personnes étaient déjà là, buvant jusqu'à devenir saoul, flirtant en se prenant des râteaux. Beurk. C'était répugnant. Je grommelai quelque chose d'inaudible. Et, la main de mon compagnon me tira vers une table vide, qui se trouvait dans un coin à l'écart du monde. Je m'assis sur une chaise et me renfrognai sur moi-même.

─ Je comprends pourquoi elle s'entend si bien avec son cheval de tête, ricana Unélia.

─ Hé ! M'exclamai-je.

─ Bah quoi, rit 'Lia, Valéo est aussi chiant que toi !

─ Ne me compare pas avec un cheval, bon sang ! Grommelai-je dans mon coin.

J'observai les gens autour de moi et remarquai le connard du parc.

─ N'essaye même pas de lever ne serait-ce qu'une seule fesse, m'avertit Kam'.

Je croisai les bras sur mon torse et me mis à râler. Trop d'odeurs nauséabondes, trop de musiques débiles, trop de gens. Définitivement, je détestais ce genre d'endroit.

L'homme du parc de la dernière s'approcha de nous en prononçant le nom de mon cheval. Toujours de mauvais poils, c'est Unélia qui répondit à ma place :

- Exactement, c'est le cheval de celle-là, dit-elle en me désignant du doigt.

- Premièrement, on montre pas les gens du doigt Lia, c'est malpolis. De deux, oui, oui, Valéo, répondis-je en soupirant.

- Bah quoi, faut que tu arrêtes de faire la tronche Gaïa, ça ne te va pas. On dirait Kala a agressé tout le monde.

- Je n'agresse personne Lia, soupirai-je.

Kameron commença à siroter son verre d'alcool tout en écoutant notre conversation d'une oreille. Je savais que si j'allais trop loin avec cette homme, il se ferait un plaisir de me le faire remarquer.

- Venez vous asseoir avec nous, lui proposa joyeusement mon amie.

Elle était sérieuse ? Non, mais depuis quand on invite des inconnus ? Je me ferais jamais à la joie communicative de Unélia. Cette fille était une amie d'enfance de Kam' et le connaissais par coeur. Malgré ses accents australiens, elle était une belle brune aux yeux bleus qui adoraient taper la causette avec n'importe qui. Ce qui était bien avec elle, c'était qu'elle avait tendance à pourrir toutes nos soirées.

* Ian *

Mon dieu. J'allais l'assassiner. Mais vraiment. Lia allait passer un sale quart d'heure. Elle était toute heureuse que Ian - comme il s'appelait- montre des photos de ces chevaux. Elle était gaga devant une personne qui partageait sa passion.

- Ils sont splendides, s'écria-t-elle devant les photos.

Lia vola mon téléphone qui se trouvait dans ma poche et l'alluma. Elle chercha dans la galerie et, toute souriante, elle pointa l'objet sous le nez du jeune papa. C'était la photo prise entre Kala et Val'. Charmante demoiselle qu'elle était, elle rigola.

- Elle s'appelle Kalabraskï, une vraie chieuse. Elle attaque tout animal qui passe sous son nez.

Lia se détourna de l'homme quelque instant en voyant des filles toutes seules. Elle leur fit signe de loin, ce qui allait finir par vite m'agacer.

- Hé, vous deux ! Venez avec nous, on mange pas ! S'écria-t-elle.

Je m'approchai de l'oreille de Kameron et lui chuchotai quelque chose. Il soupira encore une fois et haussa les épaules. Le pire, c'était qu'il s'en fichait pas mal que Lia fasse venir tout le monde autour de notre table. Il les ignorait superbement.

Bon sang ! Pourquoi ils n'étaient pas parti en courant vite fait bien fait ? Comme toute personne censée ? Deux jeunes femmes s'étaient donc jointe à notre conversation qui n'en était pas vraiment une.

- Vous inquiétez pas, leur dit Unélia, j'ai un prénom bizarre aussi. Je m'appelle Unélia, enchantée de vous connaître les filles. La ronchonne c'est Gaïa, vous inquiétez pas, elle n'aime juste pas les bars. Lui, c'est Kameron un ami d'enfance, qui est aussi le petit ami de la ronchonne.

Je me retournai vers Ian.

- C'est une trotteuse française qui a du sang de Racing Horse, en très petite quantité, dis-je calmement alors que j'étais clairement agacée.

Mais je le dis quand même, ce n'était pas une si grande catastrophe que ça. Kam avait fini son verre et en commanda un autre sous mes impétueux regards noirs. Il s'en fichait pas mal. Je saluai les deux nouvelles venues d'un signe de la tête.

- Chris ? Je ne connais pas, ajouta Lia.

Elle sourit gentiment au nouveau venu et se montra ouverte à toute offre de discussion. Cette fille, dès qu'elle pouvait faire ami-ami, elle n'hésitait pas. C'était une personne très ouverte d'esprit, elle faisait la conversation seule, parfois. Avec cette pipelette, aucune chance d'avoir des anges qui passent.

- Mmh, répondis-je au palefrenier de l'autre homme.

Si il continuait sur sa lancer, je n'étais pas sur de me comporter comme une vraie personne civilisée. Les taquineries, ce n'était pas du tout pour moi.

- Lia, l'interpela Kam - qui venait tout juste d'ouvrir la bouche depuis que l'on était là -, arrête d'importuner les autres. On va pas tarder, je sens que le boule de nerf va exploser juste à côter de moi, lâcha-t-il calmement.

Trop calmement.

- Mais ! Ce n'est pas ma faute si Gaïa fait toujours la gueule dès que l'on foule l'entrée d'un bar ! S'exprima Unélia.

- Oui, mais non. Les bars c'est une horreur, surtout quand c'est bondé de monde.

Quand l'homme proposa une tournée, Lia leva la main comme une enfant ouvrant ses cadeaux de noël.

- Moi je veux bien, mais pas un truc trop fort, sinon je vais en prendre pour mon grade, rit-elle.

- Une petite bière pourquoi pas, sourit Lia.

Je le regardai avant de jeter un petit coup d'oeil aux deux autres filles qui avaient l'air très angoissée. Surtout l'une d'entre elles qui ne faisaient que bégailler. C'était hilarant, mais je le gardais pour moi, évidemment. Je retournai donc mon regard vers le fameux Matthew et déclinai gentiment son offre.

- Non merci, j'ai eu mon taux de glucide pour aujourd'hui, dis-je avec l'amabilité que j'avais réussi à acquérir durant cette soirée.

Et puis, cette fille était d'accord avec moi. La foule, c'était très angoissant. Kameron déclina également l'offre de Matt en lui montrant son verre à moitié pleins.