RUE PIETONNE ♦ OUVERT ♦

- Non !! Cria Yübel.

Et merde. Si elle nous faisait une crise ici, on était mal barré. Unélia et moi essayions tant bien que mal de la calmer, sans grand succès. Bel était toute tremblante alors que l'on se trouvait devant un magasin qui réparait les appareils photos. On voulait lui faire comprendre que cette boutique réparerait son engin, mais elle ne voulait pas nous croire. Je détestais quand elle pleurait, je n'aimais pas ça. Yübel était comme notre petite sœur à tous. Elle était une jeune femme spéciale. En effet, Bel était atteinte d'autisme depuis sa tendre enfance. Aujourd'hui, à l'age de vingt neuf ans, elle était autonome. Mais elle parlait peu, les chevaux l'aidaient à vivre et franchement, ça marchait bien. Cependant, la communication était partiellement difficile, sauf quand elle avait décidé que c'était bon. Nous la sortîmes tant bien que mal de l'établissement avant de rejoindre les pavés de la rue piétonne.

- Ne t'inquiète pas Bel, personne ne te l'enlèvera ton appareil photo, la calmai-je.

Elle ne répondit rien et attendait calmement que nous partions.

Alors que nous débarrassions le plancher, l'un des hommes que nous avions rencontrés au bar hier nous accosta. Il semblait complètement perdu dans cette rue piétonne. Avec Bel à gérer, c'était un peu compliqué de lui répondre alors Unélia emmena sa cousine un peu plus loin. Il cherchait la pharmacie du coin. D'après mes souvenirs, elle se situait au coin de la rue, près d'un opticien. Je le saluai avant de répondre à sa question.

- C'est un peu plus loin, sur votre droite, lui indiquai-je avec ma main. Vous devriez trouver facilement l'enseigne.

- Je vous en prie, lui répondis-je avant de me retourner vers mes deux amies.

Elles nous observaient depuis le banc où Lia avait fait asseoir Bel. La jeune femme s'était enfin calmer et semblait très apaisée.
Je m'approchai des deux et Unélia me sourit de toutes ses dents. Je ne savais pas ce qu'elle avait en tête, mais ça allait commencer à me fatiguer. Bel me tira doucement la manche avant d'ouvrir la bouche. Oh, miracle. Elle se décidait à parler.

- Je t'écoute Bel.

- C'est qui ? Me demanda-t-elle.

- L'ancien propriétaire de Val, lui souris-je avant de faire le signe de partir.

Il était tard et nous devrions partir avant la tomber complète de la nuit. Même si les cafés qui longeait la route pavée étaient toujours ouvert.

- Bon, on reste planter là, ou on file ? Demandai-je aux filles qui observaient la vitrine d'un magasin de vêtements.

- Aller, Gaïa, on peut faire un peu de shopping de temps en temps, me supplia Lia.

- Autant aller au centre commercial, leur dis-je laconique.

Les filles secouèrent la tête en même temps, me signifiant qu'elles voulaient rester dans cette rue pour faire leur shopping.
Alors qu'il y avait un superbe centre commercial flambe en neuf dans la ville. Bel s'arrêta devant une librairie qui ressemblait plus à une boutique d’antiquaire. Cet homme vendait de vieille babiole plus bizarre les unes que les autres.

- Vas-y Bel, on t'attend à l'extérieur, l'informai-je.

- D'accord, nous répondit-elle simplement avant de s'engouffrer à l'intérieur du bâtiment.

Lia me regarda avant de soupirer une fois et de se retourner tout en observant les alentours. Elle semblait chercher une autre boutique qui pourrait échoir sa faim de shopping. Je souris devant cette pensée. C'était Unélia Belford tout craché. Alors qu'elle tournait en rond, un homme nous accosta. C'était l'homme du bar, Matthew si je me souvenais bien, avec qui je n'avais pas été très sympathique. Mais, ce n'était pas de ma faute si c'était tombé sur le seul jour de l'année.

- Bonsoir, le saluai-je poliment. Je vais bien et vous ? Demandai-je.

Tellement qui bégayait, je ne pus m'empêcher d'exploser de rire. Cela devait être très contagieux car Lia me suivit dans mon rire. Cette fille n'en manquait jamais une de faire la comique devant tous les gens qu'elle croise. Et cela me fit rire, à un point inimaginable. Ce pauvre Matt ne devrait rien comprendre, mais c'était tellement hilarant.

- Excusez-moi, ris-je, je suis pas un monstre vous savez.

Je ne pouvais m'empêcher de rire, tellement que je devais être rouge. Je finis à genoux au sol tellement que j'étais prise dans mon fou rire. J'étais lunatique, c'était carrément vrai.

Matt s'approcha de moi alors que j'étais complètement morte de rire. Et il recommençait les taquineries. Je détestais les taquineries, sauf de la part de Kam, mais ça, c'était invraisemblablement autre chose. Kam était l'homme qui comptait le plus pour moi, et nonobstant que ça peut paraître niais, cependant, c'était l’impromptu vérité. Que cela ne tienne. Je refusai gentiment sa main et me relevai seul, calmant ma folie riante.

- Non, c'est pas vous, mais voir les autres mal à l'aise est des plus hilarants !

Il me demandait d'aller boire un verre ? Sérieusement, c'était la technique de drague la plus pourrie que j'avais jamais entendu. Même Kameron avait été plus créatif.

- Non, répondis-je spontanément. C'est la technique de drague la plus pourrie que j'ai jamais entendu. On est au 21ème siècle, il faut innover un peu, soupirai-je.

Ok. Il avait fui. Bon, j'avais été un peu dur avec lui, mais quoi c'était vrai. Qui inviterait une fille qui détestait squatter un bar ? Je ne voulais pas être méchante, mais c'était complètement ringard comme approche. Je me retournai vers Lia qui était accompagnée de Bel, qui elle, tenait un bouquin et une babiole bizarre entre les mains.

- Tu y a été fort avec ce pauvre, commenta Bel en murmurant.

Je soupirais. Oui, je savais que c'était un peu dur. Néanmoins, parfois, il fallait savoir regarder plus haut que son nez et essayer de comprendre les gens. Ce gars était vraiment un phénomène. Et il était parti sans que je puisse en placer une.